Pathologiser

Pathologising

Il existe aujourd'hui un nombre tout simplement fantastique de possibilités offertes aux professionnels de la santé mentale pour pathologiser la vie des gens. Grâce à un investissement extraordinaire dans le développement des discours de la pathologie, nous disposons maintenant d'une vaste gamme de moyens de parler et d'interagir avec les gens qui reprennent le dualisme sujet / objet si répandu dans la structuration des relations dans notre culture.

Ces manières de parler et d'interagir avec les gens les placent de l'autre côté de la connaissance, à l'extérieur. Ces manières de parler et d'agir permettent aux professionnels de la santé mentale de construire les personnes comme objets de la connaissance psychiatrique, de contribuer à un sentiment d'identité dont l'"altérité" est la caractéristique centrale. Le succès de ces discours est incontestable, et je crois que cette réalisation représente l'une des plus grandes marginalisations de la culture contemporaine. (White, 1995b, pp. 112-113)

Les discours pathologiques ont le potentiel de nous apporter un certain confort dans un monde où il est de plus en plus difficile de le trouver. Ces discours permettent de définir comme des anomalies les problèmes pour lesquels les gens cherchent de l'aide. En tant que tels, ils nous aident à éviter de reconnaître que ces problèmes sont très étroitement liés à notre culture, que ces problèmes sont le produit de nos modes de vie et de pensée. Les discours pathologiques nous permettent d'ignorer dans quelle mesure les problèmes pour lesquels les personnes consultent en thérapie sont le résultat de certaines pratiques de relation et de pratiques du moi, dont beaucoup sont en fait influencées par les notions modernes d'"individualisme". Et les discours pathologiques nous permettent d'ignorer à quel point les problèmes pour lesquels les gens demandent de l'aide sont si souvent embourbés dans les structures d'inégalité de notre culture, y compris celles qui concernent le genre, la race, l'ethnicité, la classe, l'économie, l'âge, etc.

Si nous pouvons envisager les difficultés pour lesquelles les gens demandent de l'aide comme le résultat d'une certaine anomalie plutôt que comme le produit de nos modes de pensée et de vie, nous pouvons éviter de nous confronter au fait d'être les complices du maintien de ces modes de vie et de pensée. Cela nous aide à nier notre complicité dans la constitution des mondes que nous partageons avec les autres. En occultant ce lien entre les problèmes pour lesquels les gens demandent de l'aide et les modes de vie et de pensée de notre culture, nous pouvons éviter de faire face à la responsabilité que nous avons de prendre des mesures pour remédier au contexte de la vie des gens, et nous pouvons éviter de nous confronter à la responsabilité que nous avons de démanteler les différentes structures d'inégalité qui y sont associées. (White, 1995b, pp. 115-116)

Cf. Normalisation