Répondre à des personnes qui expérimentent des pensées suicidaires

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Auteure : Loretta Pederson, 2014 Source : Utilising narrative ideas when meeting with people experiencing suicidal thoughts

Traduction de Isabelle Gabas, 16 mars 2015

Bonjour, je m'appelle Loretta Pederson et je travaille à Sydney dans une petite organisation non gouvernementale.

Ces dernières années, un grand nombre de personnes sont venues me voir pour parler de l'impact des pensées suicidaires sur elles. Dans ma propre vie, familiale ou amicale, un certain nombre de personnes a également expérimenté ces sortes de pensées, ce qui m’a amenée à m’intéresser à la question suivante : « Que peuvent offrir les conversations narratives face aux pensées suicidaires. » Je pense en fait qu'elles peuvent offrir beaucoup ! Je vais donc partager ce qui m’aide dans mon travail et ce que j'ai entendu venant d'autres personnes, qui m’a été utile.

Quand je parle de « Conversations narratives », je me réfère au travail thérapeutique fondé sur les idées de Michael White et David Epston et d'autres thérapeutes qui continuent ce travail.

1.04

Pour commencer, j’ai pensé que nous pourrions considérer ce que cela fait d'éprouver des pensées suicidaires – pour nous mettre nous-mêmes dans cette situation, juste pour un instant. Je crois que cela peut être très pénible pour les personnes. Je suis sûre que vous l’avez remarqué si vous avez côtoyé des personnes éprouvant des pensées suicidaires : elles disent des choses comme quoi elles sont sans valeur et méritent de mourir. C'est très pénible et ça peut être tout à fait terrifiant. Elles en viennent à penser que la situation ne leur laisse aucun choix – comme si elles devaient obéir à un ordre. Et ce peut être très traumatisant. Parmi les personnes que je rencontre, un grand nombre ont éprouvé de multiples traumas dans leur vie et cela fait partie du contexte ayant apporté ces pensées. Mais l'expérience de ce type de pensées est en elle-même également traumatisante.

Elle peut amener la personne à se poser des questions comme :

  • « Cela signifie-t-il que je suis mentalement malade ? »
  • « Cela signifie-t-il que les gens vont penser que je suis fou ? »
  • « Cela va-t-il changer la façon dont les autres me voient ? »
  • « Si je meurs vraiment, quel effet cela aura-t-il sur mes enfants ? »
  • « Quel effet cela aurait-il sur mon partenaire ? »

Ces interrogations ajoutent de la culpabilité et de la tristesse, alors que la personne se sent déjà très déprimée et affligée. Elle a peut-être des croyances qui tiennent des discours sur le désespoir et le suicide et qui peuvent aussi accroître le sentiment de traumatisme.

2.39

Je lisais un article de co-recherche de Marylin O'Neill sur des jeunes, que j'ai trouvé vraiment utile, comme ces jeunes, pour comprendre comment ces pensées arrivent à convaincre. Il s’intitule : « Une conversation avec Angela, Brett et Jess sur les pensées suicidaires, échec et résistance » et est disponible sur le site du Dulwich Centre « Friday Afternoons » où Marilyn et Gaye ont fait publier la vidéo. Regardez-la, ça en vaut vraiment la peine.

3.13

Si vous vous imaginez ce que ce serait d'éprouver ce barrage de pensées tous les jours, ou pendant un certain temps, à un niveau intense, ou moins intense, simplement pour vivre cette expérience – ce serait comment ?

  • Comment cela vous affecterait-il au travail par exemple ?
  • Comment cela affecterait-il votre concentration ?
  • Cela affecterait-il votre confiance dans ce que vous vous sentez capable de faire ?
  • Comment cela impacterait-il vos relations avec vos enfants, ou avec votre partenaire, si vous en avez un ?
  • Qu'est-ce que cela vous amènerait à penser de vous-même, de votre sentiment d'identité ?
  • Comment est-ce que tous ces éléments seraient impactés ?

Parce que c'est cela qu'éprouvent les personnes que nous rencontrons. Pour vous donner une idée, une femme qui se nomme Taylor et qui aimerait partager quelques-unes de ses expériences avec vous, m’a autorisée à vous parler d’elle. Elle tient vraiment à vous faire partager ses expériences, elle m'a permis d'utiliser ses documents et elle m'a dit quand je lui ai parlé aujourd'hui – nous ne travaillons plus ensemble, mais parfois, nous aimons avoir une petite conversation de « rattrapage » - elle a dit que si ses expériences et le fait de les écrire et de les partager pouvait aider quelqu'un d'autre à traverser cette épreuve plus rapidement, ou même à l'éviter, elle se dirait alors que cela en valait vraiment la peine.

Cette partie du document – il contient trois parties – cette première partie parle de l'impact des idées suicidaires sur sa vie, elle les appelle « les pensées précipitantes », c’est sa description proche de l'expérience.

La vie était devenue difficile depuis un certain temps quand les idées noires ont commencé. Elles disaient : « Comment puis-je m'échapper de ce monde ? Comment puis-je m'échapper de cette vie ? » Ces pensées... étaient très rapides. Je les appelle les pensées précipitantes. Il n'y avait pas d'espace pour d'autres pensées. Il n'y avait pas de moment pour penser à ma famille ou au ménage ou aux amis. Comme ces pensées précipitantes étaient permanentes, je me sentais épuisée. Puis la fatigue du fait que je ne dormais pas a empiré. Ensuite, j'ai été mise sous médicament, ce qui m'a tellement fatiguée que c'était difficile pour les enfants de me réveiller. C'était épuisant simplement d'essayer d'exister. Cela a rendu les choses ardues avec mon mari. J'ai essayé de lui expliquer pourquoi les petites tâches étaient si difficiles, et pourquoi je n'avais pas d'énergie ni d'enthousiasme, mais pendant longtemps, il ne l'a pas compris. Les pensées précipitantes emportaient au loin mon bonheur pour la vie.

5.43

Vous entendez l'impact sur sa relation avec son mari, sur sa disponibilité/non disponibilité pour les enfants, l'impact sur sa relation avec les amis et sur l'entretien de la maison.

6.03

Je me suis aussi posée ces questions :

  • Comment pouvons-nous être un soutien ?
  • Comment faire pour que ma réponse, ou nos réponses, n’ajoutent pas de détresse et du trauma supplémentaire ?
  • Comment nos réponses peuvent-elles être un réel soutien et comment vraiment écouter ces personnes ?
  • Comment puis-je aider cette personne à être moins influencée par les attaques des pensées suicidaires ?
  • Comment les attaques pourraient-elles être peut-être moins intenses ?
  • Comment pourrions-nous les gérer de façon à ce qu'elles reviennent moins souvent ?

Je ne sais pas si vous avez jamais éprouvé cela, je l'éprouve de temps en temps, et d'autres collègues m'ont dit qu'ils l'avaient éprouvé aussi – cette impression que parfois nous pouvons être conviés nous aussi dans un sentiment de détresse, voire de panique, tellement il est dur de voir des personnes dans des situations si difficiles. C’est déjà difficile dans le cadre de notre travail, mais cela peut l’être encore plus lorsqu’il s’agit d’un ami ou d’un proche. Cela peut nous entraîner dans un sentiment de panique, particulièrement quand nous nous inquiétons pour la sécurité immédiate de quelqu'un.

7.09

Je me suis donc demandée comment prêter vraiment attention à ce que la personne est en train de me dire et éviter les sentiments que je pourrais éprouver, qui me détournent de ses propos.

J'ai trouvé quelques idées qui m'aident à entrer dans cette « zone de calme » où je suis plus présente pour la personne. J'appelle par exemple d'autres personnes dans mon esprit et je crée pour moi-même une petite équipe d'appui. Vous avez probablement entendu parler de l'idée d'utiliser des équipes d'appui pour les personnes que nous rencontrons. Eh bien, j'ai trouvé ça vraiment très utile d'avoir des personnes disponibles pour me soutenir.

Les premières personnes auxquelles je pense – j'ai entendu parler d'elles à travers un article de Loree Stout qui m’a beaucoup appris, « Parler des pensées suicidaires : vers un cadre alternatif », dans lequel elle décrit les histoires et les mots des femmes qu'elle rencontre. Une des idées était qu’une personne qui partage spontanément des pensées suicidaires veut simplement trouver quelqu'un qui écoute sa détresse et sa douleur – et combien c'est difficile pour elle. Il est important d’obtenir de sa part une description riche de l'impact des pensées suicidaires sur sa vie, sans se précipiter ni les “blanchir”, et sans essayer de l’en détourner, mais en lui faisant vraiment comprendre qu'elle est entendue et comprise. Et je veux que nous soyons sûres toutes les deux que je comprends bien ce qu'elle est en train de me dire.

8.56

Il est préférable ne pas utiliser ce genre de questions enfermantes comme : « Bon, et à propos de vos enfants ? », parce que les personnes disent qu’elles ajoutent de la culpabilité et du désespoir alors qu'elles se sentent déjà dans un état épouvantable.

Une autre chose qu'une de ces femmes mentionnait était que parfois la société les maintenait dans le silence ou les humiliait. D'autres craignaient que si on parle de ces idées, cela empire. Mais elles disaient aussi que parler des pensées suicidaires leur donnait de la lumière. J'ai souhaité entendre les particularités de l'expérience de ces pensées qui donnent de la lumière – qu'est-ce que les pensées leur disent ? –. Pour les mettre sur la table et réellement comprendre ce dont il est question dans ce cas.

9.50

J'aime bien aussi utiliser les questions et les conversations externalisantes, non seulement parce qu’elles créent une distance entre la personne et le problème, mais aussi parce qu’elles offrent des options. Elles donnent l'impression qu'il y a plus d'options disponibles, ou plus visibles, elles créent des choix.

Par exemple, si la pensée est en train de convaincre la personne qu'elle mérite de mourir parce qu'elle est sans valeur, nous pouvons considérer cette idée non pas comme la vérité mais comme une tactique, ce qui veut dire qu'elle n'a pas à obéir à cette pensée – et c'est une très bonne nouvelle !

10.25

Si c'était un ordre de mourir par exemple... la personne ne veut pas mourir, mais c'est ce qu'elle entend... elle entend que c'est le destin et qu'elle n'a pas le choix... C’est un grand sentiment d'impuissance pour elle, nous avons intérêt à créer un sentiment d'initiative personnelle. Je penserais alors à une conversation où nous pourrions déconstruire les idées sur le destin.

Par exemple :

  • D'où viennent ces idées sur le destin ?
  • Où les avez-vous entendues ?
  • Qu'est-ce qui vous fait penser cela ?

Maintenant que nous avons externalisé et considéré les pensées suicidaires comme quelque chose qui agit sur la vie de la personne, ou comme une force à laquelle elle se heurte, cela nous amène aux considérations suivantes :

  • Quelle est l'intention des pensées suicidaires ?
  • Est-ce que cette intention correspond à celle de la personne ?

Ce type de conversations basées sur des questions externalisantes se révèle extrêmement utile, autant pour moi que pour les personnes que je rencontre.

11.30

Quelque chose que j'ai remarqué et que je voudrais souligner est que les pensées peuvent être très sournoises et changer de tactique. Nous devons donc éviter de supposer, forts d’une conversation précédente, que nous connaissons les pensées suicidaires ou ce qu'elles pourraient dire. Parce que ces savoirs ne reflètent sans doute pas les tactiques ni les impacts courants, qui peuvent être très différents. Je voulais mentionner cette idée parce que les pensées sont assez rusées et qu’elles utilisent tout ce qu'elles peuvent pour rendre la vie des personnes difficile.

12.05

Par exemple, quand une personne fait beaucoup d’efforts pour passer au travers des pensées et ne pas leur obéir, cela peut être épuisant. Les pensées suicidaires peuvent alors utiliser cette fragilité contre elle en lui disant : « Oh, tu es tellement fatiguée. Fais-le maintenant, tu en seras débarrassée et tu pourras te reposer. »

Une autre pensée peut utiliser les propres valeurs de la personne – ce qui est le plus précieux pour elle - comme l'amour pour ses enfants, et les déformer en disant : « Tes enfants seront mieux lotis sans toi. Donc si tu te tues, c'est l'ultime sacrifice. C'est comme ça que tu leur montreras que tu les aimes... en mourant. »

12.54

Je pense qu’il est très important de mettre ces pensées à plat et de bien les observer. Cela nous permet de questionner leur statut de vérité.

13.05

Si je sens encore un peu d'anxiété monter en moi, je vais appeler dans mon esprit d'autres thérapeutes que je respecte et en lesquels j'ai confiance. Je pense alors : « Que diraient-ils maintenant ? Vers où orienteraient-ils leur curiosité ? » C'est comme quand vous interrogez une personne sur ses compétences et qu'elle vous répond : « Oh, je ne sais pas. » A ce moment-là, vous lui posez une question qui pourrait venir d'une tierce personne : « Pourriez-vous deviner ce que votre ami répondrait ? » Je me pose cette question à moi- même : « Que diraient-ils ainsi dans l'immédiat ? » et j'ai soudain de façon incroyable plus d'idées et de concentration. Je réalise que j'ai des connaissances et que c'était uniquement l'anxiété qui m'en dépossédait. Je me dis : « Je pourrais l'interroger sur le contexte : « Qu'est-ce qui vous amène à avoir ces pensées? » « Comment y êtes-vous déjà passé au travers ? » « Qu'est-ce qui vous a aidé ? » « A quoi pensez-vous pour en diminuer l'impact ? » Je pourrais alors la questionner sur son équipe d'appui : qui pourrait-elle avoir, qui est déjà disponible dans sa vie ou qui pourrait-elle y rajouter.

14.17

Une autre chose qui me permet de trouver de la concentration et du courage est d'honorer le fait que la personne est venue à l'entretien. Je l'honore en mon for intérieur, mais je pose aussi des questions qui pourraient faire avancer la conversation. Le simple fait de venir ici pour cette conversation doit leur donner de l'espoir. Nous faisons aussi des visites à domicile...et donc, c'était comment pour elle de nous ouvrir sa porte ? Quand les pensées suicidaires sont dans les parages, les choses peuvent être extrêmement difficiles et comme vous l'avez lu dans le document de Taylor, sortir simplement de son lit peut demander un immense effort. Donc si quelqu'un a pris le bus, s'il s'est présenté à l'heure (ou en retard, peu importe!) - comment se fait-il qu'il ait pu arriver ici ? Cela lui a sûrement demandé beaucoup d'efforts et je considère tout ceci comme des « actions pour la vie ». De cette façon, nous passons de cette Carte de Conversations Externalisantes à la Carte de Re- authoring.

15.28

Je suis ainsi en train d'imaginer que la personne doit avoir beaucoup de compétences pour être ici. Qu'elle est en vie, qu'elle est dans mon bureau. Elle se donne certainement beaucoup de peine pour cela et j'ai envie de la questionner sur ce sujet.

15.45

Ainsi, si quelqu'un raconte une histoire de pensées suicidaires en disant : « Les pensées ont été présentes pendant 2 ans », je pourrais avoir une nouvelle référence qui dirait : « La personne a fait 4 tentatives de suicides », j'en déduis qu'elle doit en savoir long sur comment traverser cette épreuve ! 2 ans, c'est une longue période pour la traverser et vivre avec, donc comment a-t-elle réussi à la traverser auparavant ?

Je lui demanderais alors :

  • Y avait-il certaines pensées auxquelles vous vous raccrochiez dans les périodes noires ?
  • Y avait-il des choses que vous faisiez quand les pensées suicidaires étaient à leur paroxysme et qui vous aidaient à traverser cette épreuve ?

Elle pourrait répondre : « Eh bien, je pense à mes enfants. » Ceci peut m'inciter à explorer ses espoirs pour sa vie, ses espoirs pour la vie de ses enfants, ses espoirs pour la relation – et c'est une conversation très différente que si je l'avais commencée par : « Bon, et vos enfants ? », elle vient d'un angle complètement inédit.

16.47

Comme je l'ai dit précédemment, j'aime utiliser la documentation. Quand je parlais avec Taylor de « L'impact pour elle de la documentation et du partage de ses idées » alors qu'elle était dans un espace très noir – elle est dans un endroit différent aujourd'hui – ce qui l'a aidée à traverser cette épreuve est de savoir que tout ceci n'était pas vain et qu'elle partage ses idées.

Elle disait : « Mon apprentissage est pour les autres personnes – Si cela aide quelqu'un à traverser cette épreuve plus vite où à l'éviter, alors cela en valait la peine. » Elle aimerait aussi que les personnes soient patientes. Elle veut que les travailleurs le sachent. « Ne croyez pas que les gens ne font rien. Chaque étape est une bataille – simplement se lever est une bataille. Mais finalement, c'est bon la vie. » Elle a gagné non seulement un esprit clair, mais aussi un monde totalement nouveau parce que le bonheur et le sens sont de nouveau dans sa vie.

17.48

Nous nommerions « permission de contribution » l'idée que des personnes peuvent en soutenir d'autres en retour ou qu'elles nous secondent dans notre travail et dans l'acquisition de connaissances. Je souhaitais partager avec vous ses idées sur ce qui est aidant et sur ce qui ne l'est pas.

18.12

Si vous souhaitez en apprendre plus sur la documentation, vous pouvez regarder une vidéo de David Newman sur les « Friday Afternoons ». Il y a aussi un article sur le sujet.

J'ai évoqué plus haut les « équipes d'appui ». Il est primordial de construire une équipe d'appui avec des personnes auxquelles on pourrait rendre visite dans leur propre vie. Nous pourrions être dans cette équipe avec beaucoup d'autres individus . Je poserais des questions comme :

(Ces questions viennent de différents thérapeutes et divers articles et je suis désolée de ne pas en avoir les références.)

Qui sait quelque chose sur vous qui est différent de ce que disent les pensées négatives ?

Que pourrait dire cette personne de cette attaque violente sur vous?

En essayant de deviner, que pourrait-elle me dire sur vos compétences ou vos valeurs que les pensées suicidaires sont en train de dominer ?

Quelle histoire pourrait-elle me raconter sur ces compétences ?

Qui dans votre vie sait à quel point vous luttez pour rester en vie et qui vous soutient ?

(J'aime cette expression « lutter pour rester en vie », je la trouve vraiment honorante.)

19.41

Que remarquerait-elle sur vos compétences pour traverser cette épreuve?

Quel soutien pourrait-elle vous offrir dans les périodes sombres ?

Quel soutien aimeriez-vous ou de quel soutien auriez-vous besoin à ces moments-là ?

(Nous parlions avec Marilyn O’Neill des différents rôles que les personnes peuvent avoir, et donc la question suivante pourrait être...)

Est-ce que des personnes différentes auraient des rôles différents ?

Par exemple, elle pourrait avoir quelqu'un à appeler et à qui parler immédiatement dans les moments très durs. Ou elle pourrait penser à un(e) défunt(e) et dont elle garde une photo. Elle pourrait se souvenir que cette personne sait à quel point elle fait des efforts, combien les choses sont difficiles, que cette personne l'aime et la soutien.

20.38

Une autre question est possible :

Comment pourriez-vous faire savoir à un individu de votre équipe d'appui que vous voulez ou que vous avez besoin d'aide ?

Gaye Stocke et Marilyn ont fait une vidéo disponible sur la page du site “ Friday Afternoons” et comme je l'ai précisé plus haut vous pouvez regarder les articles joints. Si vous vous intéressez aux équipes d'appui, je vous invite à les lire.

21.06

L'article de Loree que j'ai mentionné auparavant parle d'une position collaborative quand nous questionnons la personne sur sa sécurité. Plus j'ai des conversations avec les personnes et plus je les interroge, plus je réalise qu'elles savent très bien où elles en sont. Elles connaissent l'impact des pensées sur elles, à quoi elles ressemblent et comment elles sont en sécurité. Je leur demanderais :

  • Qu'est-ce que les pensées ont dit ?
  • Qu'est-ce que les pensées vous ont amenées à faire ? Auraient-elles pu par exemple vous isoler de vos amis ?

Parfois, des personnes peuvent avoir acheté des comprimés au cas où, mais ils ne sont pas prêts en réalité à passer à l'acte. Cela pourrait inciter à avoir une conduite accidentogène par exemple.

22.07

Je les interrogerais sur comment ils évalueraient leurs pensées – quelle serait leur intensité. La personne aurait sa propre échelle d'évaluation, mais je pense que ça pourrait commencer par:

1. “La vie est trop dure et je veux fuir”

(Le prochain niveau serait...)

2. “Mourir est peut-être une option”

(Puis une pensée plus intense assez effrayante et qui demanderait plus de soutien et d'attention serait...

3. “Tu pourrais te tuer maintenant et voici comment tu pourrais faire”

(Mais je vérifierais de nouveau comment la personne se sent à ce sujet car elle pourrait se dire: “Ouais, ça paraît vraiment terrible, mais je sais que je ne vais pas le faire parce que je veux être là pour mes enfants.” Ou alors : “Je sais que je n'ai pas besoin d'écouter ces pensées.” Puis une autre pourrait être...)

4. “Fais-le maintenant !”

23.00

Loree évoquait des besoins physiques immédiats... Quand on manque de sommeil et que le corps est affamé, il est très difficile de penser clairement et la personne peut sentir ses émotions s'amplifier. Je serais particulièrement attentive à ça si une personne a un problème avec la nourriture. Parfois, je garde même un petit yaourt dans le réfrigérateur, une pomme ou autre chose si quelqu'un n'a pas mangé depuis un moment parce que cela peut considérablement augmenter non seulement sa concentration au cours de l'entretien, mais aussi sa capacité à sentir comment les choses désespérées peuvent être très intensifiées.

23.45

J'activerais aussi son équipe d'appui. Au cours d'un entretien préalable, probablement le premier, je lui ferais connaître les limites de la confidentialité au sein de notre service. Qui préférerait-elle que je contacte en cas de crise ou si elle a besoin d'aide supplémentaire? Est-ce que serait son partenaire? A-t-elle un psychothérapeute sur lequel elle peut compter ou un médecin en qui elle a confiance? Et je demanderais le nom de cette personne.

24.17

Si nous sentons pendant l'entretien qu'elle a vraiment besoin de téléphoner à quelqu'un, nous pourrions l'appeler ensemble et organiser une visite le jour même ou voir quelle pourrait être la prochaine étape.

La personne pourrait ne pas sentir qu'elle est dans une situation de crise ou d'urgence, mais elle pourrait sentir qu'elle a besoin d'une aide supplémentaire et n'a parlé de ce sujet à personne . Nous l'interrogerions sur :

A qui pourrait-elle en parler ?

Comment s'y prendrait-elle pour lui raconter ses idées noires? (Je les appelle “idées noires” mais la personne peut les nommer différemment.)

Également, nous évoquerions la disponibilité des numéros d'aide joignables 24h/24.

Puis nous utiliserions les Conversations de Re-membrement pour la reconnecter à l'équipe d'appui.

Tout en discutant, nous écririons les compétences de la personne pour traverser cette épreuve ou ce qui l'a aidé par le passé. Si je n'ai pas le temps, je noterais cela assez rapidement et je le ferais plastifier éventuellement par quelqu'un de mon bureau . Par le passé, j'ai fait une liste de la taille d'une carte de visite que la personne a pu faire plastifier et qu'elle a pu mettre dans son porte-feuille ou son sac à main.

25.37

Si nous avons plus de temps, nous pourrions rédiger une description plus riche des habilités de la personne à traverser l'épreuve. Comme vous l'avez vu dans le document de Taylor, cela vaut la peine d'écrire l'impact des pensées parce que la personne veut savoir ce qu'elle a vraiment entendu.

26.01

Tandis que nous passons du temps ensemble, je réviserais avec elle ses compétences à traverser l'épreuve. Vers la fin de l'entretien, je lui demanderais par exemple :

Alors que nous avons évoqué vos compétences à traverser cette épreuve, que retenez-vous de cette conversation ?

Elle pourrait répondre : “Eh bien, j'ai traversé pire que que ça auparavant” ou : “Je sais que ça va passer. Je peux traverser ça.” ou “Je suis plutôt fort(e) et je sais comment ignorer les pensées négatives.”

Puis je la questionnerais :

Comment vous sentez-vous maintenant ?

Êtes-vous d'accord si nous finissons dans quelques minutes ?

A quelles pensées pourriez-vous vous raccrocher ou que pourriez vous faire si les idées noires se manifestent de nouveau ? (Nous nous préparons pour cette éventualité)

26.48

Voilà les choses que j'ai trouvé utiles pour moi-même et pour les personnes que j'ai rencontrées. J'aimerais bien savoir celles que vous avez retenues. Je vous remercie beaucoup de votre attention.

Au revoir.