L'impérialisme des frontières

Border imperialism

Un concept élaboré par Harsha Walia :

Depuis plusieurs années, les organisations autochtones d'Australie délivrent des "passeports authentiques" aux demandeurs d'asile qui ont été détenus ou se sont vu refuser un statut légal par le gouvernement australien. Plus récemment ... des passeports ont été délivrés à deux demandeurs d'asile tamouls incarcérés. Au cours de la cérémonie, Ray Jackson, de la Indigenous Social Justice Association, a déclaré : "Le gouvernement australien doit cesser d'emprisonner les autochtones, et il doit cesser d'emprisonner les demandeurs d'asile. Je suis fier d'accueillir des personnes dans le besoin dans notre communauté". Robbie Thorpe, un des plus anciens autochtones, a déclaré : "Le gouvernement australien n'a pas le droit légitime d'accorder ou de refuser l'entrée à quiconque dans ce pays, et encore moins d'enfermer des personnes fuyant la guerre et la persécution".

De tels moments de solidarité entre les autochtones et les migrants représentent non seulement des réseaux croissants de coopération et d'alliance entre les communautés marginalisées, mais aussi un défi fondamental à l'autorité des gouvernements coloniaux des colons et à la souveraineté des États occidentaux. La gouvernance et le statut étatique occidental sont constitués par de multiples modalités, y compris la primauté de la frontière qui délimite et reproduit le contrôle territorial, politique, économique, culturel et social... Constamment redéfinies, les frontières représentent un régime de pratiques, d'institutions, de discours et de systèmes que je définis comme un impérialisme frontalier. (Walia, 2013, pp. 37-38)