Cérémonie définitionnelle
Révision datée du 7 août 2020 à 16:16 par Fabrice Aimetti (discussion | contributions)
Les personnes socialement marginalisées, les groupes méprisés et ignorés, les personnes ayant ce qu'Erving Goffman appelle des « identités abîmées », cherchent régulièrement des occasions de se présenter devant les autres à la faveur d’une histoire identitaire... J'ai appelé ces événements des « cérémonies définitionnelles », les considérant comme des définitions de soi collectives spécifiquement destinées à faire connaître une histoire identitaire à un public qui ne serait pas disponible autrement. (Myerhoff, 1982, p. 105)
Le concept de cérémonie définitionnelle de Barbara Myerhoff est explicitement « politique ». Marc Kaminsky décrit cela plus en détail :
[Barbara] Myerhoff a élaboré le concept de « cérémonie définitionnelle » dans deux études de cas importantes sur les formes discursives utilisées par des « personnes opprimées » pour mener des combats politiques ... Myerhoff inclut dans cette catégorie les récits, les rituels publics et les cérémonies, les rencontres, les peintures murales, les marches de protestation et d'autres actes et manifestations. L'intention que ces derniers ont en commun est d'affirmer l'individu en ancrant son identité et sa dignité personnelles dans la culture et l'histoire sociale du groupe. En pratique, cette déclaration de dignité est polémique et contestataire : elle est faite contre l'évaluation sociale dominante qui nie le sens et la valeur de la culture et de l'histoire sociale du groupe. L'intention est donc de contester le discours social de la culture dominante qui évalue et interprète (âgisme, sexisme, antisémitisme, dévalorisation des classes ouvrières et des pauvres). (Kaminsky, 1992, pp. 17-18 dans la note de bas de page n°5).
Des formes de cérémonie définitionnelle ont été utilisées dans des contextes thérapeutiques :
La métaphore de la cérémonie définitionnelle structure le terrain thérapeutique afin de permettre la description riche de la vie des personnes, de leur identité et de leurs relations. Cette métaphore structure les rituels qui reconnaissent et « regradent » la vie des gens, contrairement à de nombreux rituels courants de la culture moderne qui jugent et « dégradent » la vie des gens. J'ai tiré la métaphore de la cérémonie définitionnelle des travaux de Barbara Myerhoff (1982, 1986), anthropologue culturelle, et j'ai développé des applications thérapeutiques de cette métaphore. (White, 2003, p. 54)
Des formes de cérémonie définitionnelle ont également été utilisées dans le cadre de projets communautaires et de pratiques narratives collectives :
Ces cérémonies décrites par Myerhoff (1986) étaient des formes d'action communautaire ... les pratiques narratives collectives cherchent à rapprocher des idées pour créer du sens, pour renforcer des identités, pour encourager les contributions et des actions communautaires. Il semble pertinent de mentionner ici que les cérémonies définitionnelles, telles que décrites par Myerhoff, ont beaucoup à nous offrir dans le cadre de ces initiatives.
Ses descriptions nous invitent à nous rappeler que la « construction de l'identité » et l' « action communautaire » ne sont pas séparées. L'organisation de cérémonies définitionnelles autour et en relation avec les diverses initiatives d'action communautaire que les gens prennent peut influencer avec une grande force non seulement la définition de soi de ces personnes, mais aussi leur capacité à continuer à agir.
L'un des objectifs des pratiques narratives collectives est de trouver des moyens d'organiser des cérémonies au cours desquelles les gens agissent comme des témoins extérieurs et des participants engagés, se joignant à des projets communautaires pour un intérêt plus général. (Denborough, 2008, p. 65-66)