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− | Un concept/une pratique décrite par Michael White, s'inspirant des travaux de Bateson (1980) et de Derrida (1978), qui met l'accent sur le fait que toutes les formes d'expérience (émotion/sens/action) sont relationnelles, elles dépendent des contrastes et des discernements :<br/> | + | <big><font color=grey>Absent but implicit</font></big><br/><br/> |
− | + | Un concept/une pratique décrite par Michael White, s'inspirant des travaux de [[Références de ce dictionnaire#LETTRE-B|Bateson (1980)]] et de [[Références de ce dictionnaire#LETTRE-D|Derrida (1978)]], qui met l'accent sur le fait que toutes les formes d'expérience (émotion / sens / action) sont relationnelles, elles dépendent des contrastes et des discernements :<br/> | |
− | Permettez-moi de vous donner un exemple : supposons qu'une personne me consulte au sujet du "désespoir". Je voudrai d'abord comprendre le mieux possible son expérience de ce désespoir et comment il se manifeste dans sa vie. Je voudrai aussi comprendre du mieux que je peux les éléments de contexte de ce désespoir, ce qui peut inclure les conditions socio-économiques et les relations de pouvoir de la culture locale. Ces éléments de contexte peuvent ensuite être mis en avant et traités de diverses manières. Mais je m'intéresserai également à ce que ce désespoir exprime, ou à ce dont il témoigne, en termes d'absence mais implicite, à la manière dont la personne en est venue à identifier et à représenter son vécu de cette manière, aux circonstances ou aux conditions qui lui ont permis de discerner le désespoir. (White, 2000a, p. 37)<br/> | + | Toute expression dans la vie requiert un acte de discernement... Nous ne pouvons exprimer notre expérience que si nous pouvons la distinguer par rapport à quelque chose d'autre... Nous ne pouvons le faire qu'à travers des contrastes... Une personne ne serait pas désespérée si elle n'était pas familière avec l'espoir... si les gens n'avaient pas d'expériences de l'espoir, ils seraient résignés, pas désespérés, ils seraient résignés suite à ces circonstances défavorables dans leurs vies. ([[Références de ce dictionnaire#LETTRE-W|White, n.d.-a]]) |
+ | Permettez-moi de vous donner un exemple : supposons qu'une personne me consulte au sujet du "désespoir". Je voudrai d'abord comprendre le mieux possible son expérience de ce désespoir et comment il se manifeste dans sa vie. Je voudrai aussi comprendre du mieux que je peux les éléments de contexte de ce désespoir, ce qui peut inclure les conditions socio-économiques et les relations de pouvoir de la culture locale. Ces éléments de contexte peuvent ensuite être mis en avant et traités de diverses manières. Mais je m'intéresserai également à ce que ce désespoir exprime, ou à ce dont il témoigne, en termes d'absence mais implicite, à la manière dont la personne en est venue à identifier et à représenter son vécu de cette manière, aux circonstances ou aux conditions qui lui ont permis de discerner le désespoir. ([[Références de ce dictionnaire#LETTRE-W|White, 2000a, p. 37]])<br/> | ||
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Si les praticiens narratifs peuvent soigneusement dénouer les expressions de tristesse, de désespoir, d'échec…, cela peut rendre visible ce à quoi ces expressions ont été mises en contraste, souvent des valeurs précieuses qui ont été bafouées. Ce concept/cette pratique peut donc offrir de nouvelles possibilités pour apporter une meilleure réponse à ceux qui souffrent. C’est vrai non seulement dans les conversations individuelles ou familiales, mais aussi dans le cadre du travail avec les communautés : | Si les praticiens narratifs peuvent soigneusement dénouer les expressions de tristesse, de désespoir, d'échec…, cela peut rendre visible ce à quoi ces expressions ont été mises en contraste, souvent des valeurs précieuses qui ont été bafouées. Ce concept/cette pratique peut donc offrir de nouvelles possibilités pour apporter une meilleure réponse à ceux qui souffrent. C’est vrai non seulement dans les conversations individuelles ou familiales, mais aussi dans le cadre du travail avec les communautés : | ||
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# le manque pourrait être désormais reconnu comme le reflet d'une conscience particulière des injustices, y compris celles associées à la politique du désavantage ; | # le manque pourrait être désormais reconnu comme le reflet d'une conscience particulière des injustices, y compris celles associées à la politique du désavantage ; | ||
# la passivité pourrait être désormais appréciée comme une réticence à examiner dans la vie des autres ce qui a été examinée dans la sienne ; | # la passivité pourrait être désormais appréciée comme une réticence à examiner dans la vie des autres ce qui a été examinée dans la sienne ; | ||
− | # la faiblesse pourrait être désormais comprise comme le reflet de la compassion et de l'ouverture d'esprit, et ainsi de suite. (White, 2003, p. 35) | + | # la faiblesse pourrait être désormais comprise comme le reflet de la compassion et de l'ouverture d'esprit, et ainsi de suite. ([[Références de ce dictionnaire#LETTRE-W|White, 2003, p. 35]]) |
− | Cf. <mark>[[Double écoute]]</mark> ; <mark>[[Expressions du vécu]]</mark> | + | Cf. <mark>[[Double écoute]]</mark> ; <mark>[[Expressions du vécu]]</mark><br/> |
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Version actuelle datée du 12 août 2020 à 11:08
Absent but implicit
Un concept/une pratique décrite par Michael White, s'inspirant des travaux de Bateson (1980) et de Derrida (1978), qui met l'accent sur le fait que toutes les formes d'expérience (émotion / sens / action) sont relationnelles, elles dépendent des contrastes et des discernements :
Toute expression dans la vie requiert un acte de discernement... Nous ne pouvons exprimer notre expérience que si nous pouvons la distinguer par rapport à quelque chose d'autre... Nous ne pouvons le faire qu'à travers des contrastes... Une personne ne serait pas désespérée si elle n'était pas familière avec l'espoir... si les gens n'avaient pas d'expériences de l'espoir, ils seraient résignés, pas désespérés, ils seraient résignés suite à ces circonstances défavorables dans leurs vies. (White, n.d.-a)
Permettez-moi de vous donner un exemple : supposons qu'une personne me consulte au sujet du "désespoir". Je voudrai d'abord comprendre le mieux possible son expérience de ce désespoir et comment il se manifeste dans sa vie. Je voudrai aussi comprendre du mieux que je peux les éléments de contexte de ce désespoir, ce qui peut inclure les conditions socio-économiques et les relations de pouvoir de la culture locale. Ces éléments de contexte peuvent ensuite être mis en avant et traités de diverses manières. Mais je m'intéresserai également à ce que ce désespoir exprime, ou à ce dont il témoigne, en termes d'absence mais implicite, à la manière dont la personne en est venue à identifier et à représenter son vécu de cette manière, aux circonstances ou aux conditions qui lui ont permis de discerner le désespoir. (White, 2000a, p. 37)
Si les praticiens narratifs peuvent soigneusement dénouer les expressions de tristesse, de désespoir, d'échec…, cela peut rendre visible ce à quoi ces expressions ont été mises en contraste, souvent des valeurs précieuses qui ont été bafouées. Ce concept/cette pratique peut donc offrir de nouvelles possibilités pour apporter une meilleure réponse à ceux qui souffrent. C’est vrai non seulement dans les conversations individuelles ou familiales, mais aussi dans le cadre du travail avec les communautés :
- l'infériorité et l'inadéquation pourraient désormais être appréciées comme des preuves de défiance et de non-conformité ;
- l'échec pourrait être désormais compris comme le reflet d'une indépendance d'esprit ;
- les blessures et les handicaps pourraient être considérés comme des connaissances locales particulières de la tyrannie qui contribuent à une vie sans handicap et singulière ;
- la culpabilité pour ce que l'on a traversé pourrait désormais être perçue comme l'expression de précieuses compétences de survie ;
- la dépendance pourrait être désormais reconnue comme un engagement à l'éthique d’une action collaborative ;
- le manque pourrait être désormais reconnu comme le reflet d'une conscience particulière des injustices, y compris celles associées à la politique du désavantage ;
- la passivité pourrait être désormais appréciée comme une réticence à examiner dans la vie des autres ce qui a été examinée dans la sienne ;
- la faiblesse pourrait être désormais comprise comme le reflet de la compassion et de l'ouverture d'esprit, et ainsi de suite. (White, 2003, p. 35)